Delphine VAN HAUWAERT, Ouest France, article publié le 6/10/2017
Roman, magazine de foot, BD... Peu importe, tant qu'on lit ! Durant 10 minutes, le mardi et le jeudi, les élèves, mais aussi les adultes, sont invités à se plonger dans un autre monde...
À 13 h 45, au collège du Château, la sonnerie retentit. Les cours ne reprennent pourtant qu'à 14 h. « On a modifié les sonneries pour qu'ils se préparent à aller lire », raconte Fabienne Carney, principale adjointe. Avec Julia Thatje, responsable du CDI, elles ont eu une idée lumineuse : instaurer, deux jours par semaine, dix minutes de lecture obligatoire.
Bande dessinée, roman d'aventure, revue... Peu importe, tant qu'on lit ! Quant à ceux qui, vraiment, n'ont pas envie de jouer le jeu, ils sont « invités à rêver, le nez dans leur bouquin ».
Une sirène en cuisine
« Maintenant, on déconnecte les ordinateurs ! », lance Julia Thatje aux retardataires du CDI. Partout dans l'établissement, des adolescents pressent le pas pour trouver un endroit à leur goût. Il pleuvine, ce jeudi. La plupart préfèrent donc le grand hall à la cour de récré. D'autres vont directement dans la classe de leur prochain cours. Partout, le silence est presque total. Surprenant dans un collège !
« Ce qui est rigolo, c'est que le rapport est inversé par rapport à d'habitude, remarque la documentaliste. Quand des enfants lisent dans la cour au lieu de jouer avec les autres, ils peuvent être montrés du doigt. Là, c'est l'inverse : c'est celui qui ne lit pas qui est regardé de travers ! »
En cuisine, c'est le grand nettoyage après le rush de la cantine. Pourtant, Bertrand Robin, responsable, prend le temps de sortir L'obscure sirène de l'Elorn.
Eric Giammattei, secrétaire, s'est lui trouvé un poteau contre lequel s'appuyer, pour continuer la lecture d'un roman de Marion Zimmer Bradley. « C'est important que les élèves me voient lire aussi. » Car la consigne est la même pour tous. D'ailleurs, la principale adjointe est elle aussi plongée dans son bouquin, au milieu d'une rangée d'élèves.
Le rush au CDI !
Les dix minutes terminées, des échanges se nouent parfois entre collégiens et adultes. Mais surtout entre adolescents. « Moi, ce que je préfère, c'est les histoires de vampires, comme Twilight ! », raconte à ses camarades Coline, en 4e. L'adolescente n'avait pas besoin d'être convertie. « J'ai des bibliothèques remplies ! »
Pour sa copine Fiona, en revanche, une petite révolution est en train de s'opérer. « Je ne lisais pas du tout avant. » Aujourd'hui elle dévore, à l'école mais aussi chez elle, Miss Pérégrine et les Enfants particuliers. Et remarque qu'elle est « plus concentrée en arrivant en classe ». Seul Louis n'est pas encore totalement convaincu. « J'aime bien la lecture, mais là c'est bizarre, tout le monde me voit sérieux... »
Pour la principale adjointe et la documentaliste, le premier bilan, trois semaines après le début de l'opération « Silence, on lit ! », est très positif. Elles réfléchissent même à augmenter le volume de ces sessions. « Pourquoi pas tous les jours, durant 15 minutes ? » Autre adaptation imaginée : la possibilité, pour les élèves, d'amener leur oreiller !
Premier élément tangible du succès ? « L'an passé, 1 400 livres sont sortis du CDI. Là, j'en suis à 550 depuis la rentrée ! » Pour Julia Thatje, le fait que « tout le monde ait un livre sur lui, c'est déjà pari gagné ».